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Bogotito!

juin 15, 2008

Jour -189

Bogoto. Ne me laisse pas comme ça ici dans un pays que je ne connais pas. Tu m’avais promis ta grand-mère le dimanche après-midi et le buffet garni d’enchiladas, de pozole et de molle poblano. Il y aurait eu la fête, les enfants qui courent dans tous les sens pour saisir le coq qui s’imaginerait la fin des haricots, comme dans un film de Guillermo Arriaga. Je m’imaginais déjà danser jusqu’au matin, propulsée par tes bras, guidée sur des danses que je ne connais pas.

Bogoto, Bogotito! J’avais vu dans les ridules sur le bord de tes yeux, tes pattes-d’oie, de la poussière de désert chaude et aride, ton haleine piquante dans mon cou, des papillons d’épines. Bogotito, parle-moi de ta voix desvergonzado, redis-moi les mots que tu me lançais salacement pour que je m’inonde, pour que je mouille ton desierto. Je me souviens d’avoir crié ton nom dans la nuit Bogoto, Bogoto, Bogotito, je me rappelle la tequila qui coulait sur mon corps et de ta langue râpeuse qui me déshabillait de cet alcool chaud qui émoustillait tes sens et les miens. Je me sentais chienne et femme, dominatrice et soumise en alternance au ritmo de tes gestes déstabilisants.

Je ne veux que ça, toi dans la nuit, homme de ma vie. Suis-je trop blanche, trop pâle pour tes désirs basanés? Ce n’était qu’une nuit? Tu as été manipulé par l’alcool qui te fait dire de belles choses, sans réfléchir? Bogotito, reviens-moi! Il fait froid la nuit dans ce désert, je ne peux plus bouger, mon cerveau continue de rouler comme ta vieille chatarra. Reviens-moi, tout de suite. Les chiens de l’enfer lèchent déjà mes plaies brûlantes de tequila. Et j’inonde le sable rocailleux de ma honte et de mes espérances bafouées. Tu m’avais promis ta grand-mère le dimanche après-midi… justement, samedi s’enfuit avec toi vers je ne sais où.

Mood musical: Fleet Foxes – Tiger Mountain Peasant Song
Pilosité faciale: 8 jours
Taux d’amabilité: aride
Taux de dérision: salace

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