Le goût des nuages
juin 21, 2008Jour -183
Tu pourrais me dire si ce sont des Cirrostratus ou des Altocumulus, moi je n’y connais rien aux nuages, sauf peut-être la forme qu’ils me permettent d’imaginer. Justement, j’y vois des images d’amants malmenés par le bleu du ciel qui les transpercent.
Tu sors par la bouche du métro, tes cheveux frisés, tes lulus soutenues par de petits rubans jaunes. Tu ne me vois pas tout de suite, je te trouve jolie dans ta robe gonflée par les courants d’air qui passent à travers ces fameuses portes de la station, toujours trop lourdes. Pendant que tu me cherches, que tes écouteurs crachent sûrement la voix d’un chanteur torturé, j’observe le mouvement que ton corps emprunte au vide de l’espace. Tu palpes l’appareil dans le noir de ta sacoche pour arrêter le son de ta musique, mais tu ne trouves pas du premier coup. Tu tâtonnes et finis par mettre fin au concert privé dans ta tête. Ton regard se balance entre les gens, je ne vais pas immédiatement te rejoindre. Je suis sur un autre banc, celui qu’on ne s’était pas donné rendez-vous. Tu avances à petits pas en regardant de tous les côtés, tu t’assois sur le banc, le bon, celui prévu par notre entente. Je remarque que tu regardes au ciel. Tu es probablement à classifier les nuages selon leurs altitudes, leurs formes, leurs propriétés parce que toi tu les connais. Je te vois prendre ton carnet et y inscrire quelque chose. Je ne t’imaginais pas aussi jolie, on ne peut pas toujours se fier à une photo sur ce genre de site de rencontre. La mienne, je l’avais bien choisi, celle d’un acteur américain dans sa jeunesse. Tu me trouvais tellement beau sur cette photo, tu le trouvais tellement beau. Je te regarde inscrire quelque chose dans ton carnet et moi je me dirige dans la direction opposée. Je me nourris de ces premières rencontres à sens unique, je n’ai pas le physique pour t’aborder. Je me sauve te laissant à tes Cirrostratus ou tes Altocumulus, toi seul pourrais me le dire. Moi, je me contenterai d’imaginer des histoires inaccessibles sans pouvoir leur donner une saveur, un nom, une vie.
Mood musical: Islands – Arm/Shearwater – Rooks
Pilosité faciale: 4 jours
Taux d’amabilité: inacessible
Taux de dérision: fibreux
hmmm…. c’est bon mais en même temps j’me dis « pauvre elle »… hehe
par sicame juin 22, 2008 at 2:20ouais…pauvre elle! Elle attend peut-être encore à l’heure qu’il est…
par lhiverakhartoum juin 22, 2008 at 4:55Je ne connais pas son nom scientifique, mais j’aime beaucoup ce nuage de mots.
par Khâryatide juin 23, 2008 at 12:12À la lecture de ce texte, on croit rêver éveillé.
par Vague juin 23, 2008 at 3:33Très beau, comme toujours…
par unefillecommeca juin 23, 2008 at 6:38@Khâryatide Je suis content de vous voir passer par ici. J’espère que le temps me permettra d’aller m’enchanter de vos Métaphores effilées.
@Vague Merci pour votre commentaire! J’espère du moins que vous ne souffrez pas de Narcolepsie ou son contraire s’il peut être possible.
@unefillecommeca Est-ce que vous parlez de moi ou de mes mots? 😉
par lhiverakhartoum juin 24, 2008 at 2:06Des deux, selon votre image perso et les mots que vous maniez si bien… 😉
par unefillecommeca juin 24, 2008 at 2:47